Ambivalences
Chansons et contes pour enfants et adultes
Le lendemain, deux cent soixante dixième jour, naquit le bébé.
Pendant la dernière journée, il avait bien répété tous les dons que lui avait faits la fée, et dès qu’il sortit, il n’attendit pas qu’on lui donne un petit coup sur les fesses. Il cria tout de suite. Il voulait dire :
"qu’est ce que ce monde froid, bruyant et trop lumineux. C’est inadmissible qu’on me fasse ça."
Aussitôt, on le posa sur le ventre de sa maman, et là, il retrouva la chaleur,
les battements de cœur et la voix douce de sa maman qu’il connaissait si bien.
Au fond de lui même il se dit :
" C’est bien les cris. Les adultes fonctionnent bien. Ils s’occupent bien de moi .
La fée éducation doit être contente. Je m’occupe bien de moi. "
Au bout d’un moment le bébé eut faim. Il bougea un peu, mais personne ne fit attention à lui. Alors, il se remit à crier. Sa maman lui donna le sein et il se sentit bien. Ma foi, crier est un don extraordinaire. Les jours passaient. Il criait pour qu’on le change, pour qu’on le prenne dans les bras, pour qu’on lui chante une chanson, pour qu’on l’aide à s’endormir.
Puis, il grandit et il eut envie de jouer. Quand il criait, on lui proposait à manger, on le changeait ou on le couchait. Ce n’était pas ce qu’il voulait. Il regarda alors dans les dons que lui avait donnés la Fée Education et il se dit : "Je vais essayer le sourire".
Là, ce fut magique. Il souriait, on lui souriait, on le chatouillait, on le regardait, on le prenait dans les bras. Plus il riait fort, plus on s’occupait de lui. Il devint très fort au jeu du rire et du sourire. Il en usait et en abusait et ça ne s’usait jamais. Il en arriva même à se dire : "J’ai appris à rire à papa et à maman". Alors, quand il sentait que son papa ou sa maman était fatigué, anxieux ou en colère, hop ! un petit rire et ses parents devenaient joyeux et détendus.
Comme les adultes sont intelligents, parfois, ils réussissaient à faire la même chose par eux mêmes. Ils éclataient de rire au
lieu de crier et du fond de son siège, le bébé était fier de ses
parents.
Alors il leur souriait pour les encourager à continuer
dans cette voie.