Un jour, un jeune homme se mit à parler au milieu de la place. Il était monté sur un petit mur et il criait. Il disait qu'il fallait creuser un puits dans le village. Ca éviterait de faire des kilomètres pour aller jusqu'à la source. Plus il parlait, plus les gens l’écoutaient, et plus le jeune homme se nimbait de couleur verte. L'homme aux cheveux roux demanda autour de lui si quelqu'un voyait aussi cette couleur, mais tous le regardaient, surpris et ne comprenaient pas ce qu'il disait. Il était le seul à voir celà.
Quand il se rendit compte que les gens tout autour du jeune homme commençaient aussi à se teinter de vert, un vert balbutiant, il pensa comprendre.
Les jours suivants, tout le monde parlait du puits à creuser. Le vert qui les entourait devenait de plus en plus intense. Quand le sourcier désigna l'endroit où il fallait creuser, et que fut donné le premier coup de pioche, le village tout entier commença à se teinter de vert, les maisons, les habitants, les animaux. Tout, absolument tout le village semblait retenir son souffle. Allait-on trouver de l'eau ?
Au fur et à mesure que passaient les jours, que le puits s'enfonçait sous terre, que les premières couches humides furent découvertes, le halo vert s'éleva dans l'air au dessus du village. On ne parlait que de l'eau. Les hommes creusaient de toutes leurs forces, les femmes transportaient un peu plus loin la terre qui sortait du trou, les enfants ne se lassaient pas de regarder toute cette agitation.
Quand l'eau apparut et qu'on put en remonter le premier seau, ce ne furent que cris de joie et danses d'allégresse. Tout le monde voulait la toucher, tout le monde voulait se rafraîchir avec. Les femmes imaginaient une nouvelle vie, sans les heures harassantes à marcher pour aller la chercher, chaque jour. On protégea le puits et on le laissa reposer pendant deux jours, puis on put commencer à boire cette eau et à cuisiner avec. Petit à petit, le village retomba dans sa torpeur et le halo vert disparut.