L’atelier du silence.
Au milieu de la forêt dense, s’élevait l’atelier du silence. Malgré sa grandeur on avait du mal à le distinguer. Il se confondait avec les arbres. Quand on en poussait la porte, on pénétrait dans une petite salle d’un vert un peu irréel à la fois sombre et lumineux. Sur les murs il y avait de petits crochets bleus et on y suspendait sa bouche. Le visage se remodelait aussitôt et la bouche ayant disparu, il devenait impossible de parler. On avait beau le savoir, la première fois, c’était surprenant et pour certains, même, angoissant, mais passés les premiers moments on ressentait une sorte de jubilation interne. Plus rien à dire, plus rien à justifier, plus rien à discuter. Le silence des mots était impressionnant. Uniquement des gestes, jamais interrompus par la parole.