Je me retournai et je vis que la personne qui était dans la pièce, venait d’allumer un projeteur. Elle y inséra la carte de son appareil photo et d’un geste, elle m’invita à m’asseoir à côté d’elle.
Je vis apparaître sur l’écran la même forêt, mais sous un autre angle. Les photos que je voyais étaient de véritables tableaux. Cette personne jouait avec les détails et les couleurs, cadrant des branches ou des groupes de feuilles qui équilibraient la composition. Je me laissai aller, et je ressentis en moi une grande harmonie.
Quand la projection prit fin, elle effaça les photos de la carte, replaça celle-ci dans l’appareil photo. Elle remit l’appareil sur la petite table près de la fenêtre, éteignit le projecteur et me salua de la tête avant de quitter la pièce.
J‘étais stupéfait. Je venais de voir des centaines de choses dans tout un petit bout de forêt. Je regardai par la fenêtre et la nuit tombant, celle-ci m’apparut encore différente. J’avais l’impression d’aller de surprise en surprise.
Je revins plusieurs jours dans cette pièce ronde pour photographier mon petit bout de forêt et je me rendis compte que dès que je bougeais l’appareil, je faisais une autre découverte. Ca semblait infini. Quand je sortais de l’atelier du silence et que je retournais chez moi, j’étais plus silencieux, plus attentif, plus sensible aux couleurs et aux formes. De temps en temps, j’aurais même eu envie de photographier ce que je voyais tellement c’était unique. Alors, je le gravais dans ma mémoire et en m’asseyant sur le canapé de la maison, je me le repassais comme sur un écran.