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L'atelier du silence : Episode 8/10

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J’entrai, je refermai derrière moi. J’entendis alors, distinctement, les bruits de ma respiration un peu haletante et ceux de mon cœur qui battait vite car je n’étais pas un grand sportif et j’avais monté l’escalier un peu vite.

J’appuyai sur le bouton pour voir la ville et, curieusement, rien ne s’alluma sur la parabole. Seule la rumeur emplit la pièce et elle m’apparut à la fois plus lointaine et plus proche que la première fois. Sur les bruits de ma respiration se surexposaient ceux de la ville. Je sentais intensément les petits détails : un oiseau qui chantait, le bruit des piétons dans la rue, les cris d’un bébé dans une poussette. Le brouhaha général se faisait plus doux et laissait place à une vie plus fine, plus ténue. Ma pensée disparaissait.

Cela dura longtemps mais à force de me concentrer sur ces petits bruits, je sentis peu à peu une grande fatigue s’installer en moi. J’appuyai sur l’autre bouton. Rien ne se passa. J’éteignis tout et je redescendis, un peu déçu.

Ce ne fut qu’arrivé dehors que je compris ce qui venait de se passer. La rue m’accueillit avec son bourdonnement habituel, mais je percevais maintenant les plus petits détails et la vie m’apparut plus intense, pleine de surprises.

En entrant chez moi, le silence me sembla plus profond et quand je m’allongeai sur le canapé pour me reposer, il se teinta peu à peu de petits bruits familiers auxquels je ne prêtais plus attention depuis bien longtemps. Je me sentis bien. J’avais l’impression de vivre plus intensément.

Je mis un bon mois avant de retourner à l’atelier du silence. Il me fallait assimiler tout ce que j’avais expérimenté. Autour de moi, je regardais, je touchais et j’écoutais mieux tout ce qui m’entourait. J’avais l’impression que mon monde qui était pourtant le même, était devenu complètement nouveau.

Passé ce délai, je me sentis prêt à retrouver l’atelier du silence.

Ce fut un samedi que j’y revins. Il y avait du monde partout, à l’entrée, dans les couloirs, mais il régnait un silence surprenant. Chacun...


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