De retour chez elle son père la trouva différente. Il lut dans ses yeux que quelque chose avait changé. Chaque fois qu’elle avait un moment de libre, Emeline le passait dans la remise à sculpter le bois. Mais maintenant, elle sculptait sans cesse la même forme : une jeune fille. Le temps passa et au cours d’une de ses promenades, Emeline remarqua une vieille maison effondrée. Elle s’approcha et ramassa un bloc de calcaire, cette pierre tendre qui était la base des maisons de la région. Arrivée à la remise elle se mit à sculpter. C’est difficile de travailler la pierre. Les outils s’abîment vite. Profitant des absences de son père, elle aiguisa son burin en imitant les gestes qu’elle lui avait vu faire des milliers de fois. Elle récupéra aussi une massette, une pointe à tracer et un ciseau abandonnés dans un coin. En affinant ses mouvements elle prit de plus en plus plaisir à affronter la dureté de la pierre.
C’est ainsi que les mois passèrent et les vacances arrivèrent à nouveau. Quand Émeline fut de retour dans la montagne, chez sa tante, la première chose qu’elle fit fut regarder vers le sommet. Elle ne pouvait pas distinguer le rocher, mais elle le devinait, là bas, à côté de la combe.
Elle dut attendre longtemps avant de faire sa première sortie, mais au troisième jour, sa tante lui donna l’autorisation de s’absenter pour la journée.
Emeline peina beaucoup pour la montée car elle emportait avec elle les outils dont elle se servait dans la remise. Arrivée au sommet, elle déposa son sac et regarda le rocher. Elle s’attendait à être bien accueillie, mais elle ne vit ni n’entendit la jeune fille. Fatiguée, elle s’assit, but un peu et regarda la vallée. Elle était absorbée par le spectacle quand...