Quand il ferma à nouveau les yeux, il vit ses amis, un par un, Juan avec qui il allait chasser, Pedrito avec qui il prenait plaisir à parler sans fin et César avec qui il jouait aux cartes. Tous lui offraient un visage calme et parfois souriant. Il sentit la tristesse l’envahir, puis le désespoir s’insinuer en lui. Sa vision se brouilla et une larme perla de ses yeux, coulant le long de sa joue elle tomba sur une feuille. Au même moment, le vent emporta la feuille et la larme. Le petit tas grandissait. Il revit ainsi toute sa famille, chaque rue de son village, tous les voisins qu’il aimait. A chaque fois, la même scène se reproduisait. Une larme, la feuille, le vent et petit à petit le tas de feuilles avait grossi.
A la fin de l’après midi, alors qu’il regardait comme hypnotisé ce grand amas de feuilles et qu’aucune pensée ne se formait plus dans son esprit, il entendit la tempête qui se levait au dessus des arbres. Il sentit cette force immense qui faisait frémir les branches. Un tourbillon se forma alors devant lui et aspira le tas de feuilles. Celui-ci s’éleva dans les airs et
s’éparpilla avant de disparaître au dessus des arbres.